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Harcèlement scolaire et médiatique en Corée du Sud : L'affaire Kim Sae-ron, Kim Soo-hyun et les dérives du star-système

Un regard pédagogique sur la spirale du harcèlement en Corée du Sud, de la cour d'école aux plateaux télé. Attention, ce post aborde un sujet sensible .


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Introduction : Quand la célébrité devient un piège mortel


Le 16 février 2025, Kim Sae-ron, 24 ans, est retrouvée morte dans son appartement de Séoul. Cette jeune actrice, qui avait débuté sa carrière à 9 ans avec "A Brand New Life" en 2009, laisse derrière elle une industrie en questionnement et une société qui peine à assumer sa part de responsabilité.


L'affaire qui a suivi sa mort révèle les mécanismes d'une violence systémique : les accusations contre Kim Soo-hyun d'avoir entretenu une relation avec elle quand elle était mineure, ses dénégations émotionnelles lors d'une conférence de presse, et la machine médiatique qui amplifie chaque détail tragique.




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Pourquoi tant de jeunes, célèbres ou anonymes, sombrent ils dans la détresse ? Comment la société, les médias, les familles et même les idoles elles-mêmes participent à ce cercle vicieux ? Il est temps de comprendre, de dénoncer, et surtout d'agir.


Le harcèlement scolaire : racines d'un mal profond


Chiffres alarmants d'une société sous pression


Selon une enquête de 2024, 39,4% des élèves coréens (primaire, collège, lycée) qui ont subi du harcèlement scolaire rapportent avoir vécu des violences verbales, tandis que 7,4% ont subi du cyberharcèlement.


Les recherches montrent qu'environ 24 à 50% des collégiens et lycéens coréens ont vécu du harcèlement traditionnel comme auteurs ou victimes, et 66% des adolescents coréens ont été exposés au cyberharcèlement.


Les conséquences dramatiques


Les adolescents coréens victimes de harcèlement physique ont 3,05 fois plus de risques de tentative de suicide que ceux qui n'en ont pas subi. Pour les victimes de cyberharcèlement, ce risque est multiplié par 2,94.


Kim Sae-ron, propulsée très jeune dans l'industrie du divertissement, avait elle-même révélé avoir été harcelée à l'école quand elle était devenue une actrice enfant connue. Les intimidateurs volaient ses chaussures, écrivaient des insultes à son sujet sur la cour de récréation, et l'ignoraient délibérément.


Le harcèlement scolaire, souvent minimisé, laisse des traces indélébiles qui fragilisent durablement. Cette réalité, Kim Sae-ron l'a vécue avant même de connaître la célébrité.


La fabrique des idoles : enfance, pression et isolement


Un système qui broie ses enfants


En Corée, la réussite des idoles repose sur un mythe de perfection. Kim Sae-ron, mannequin à 1 an, actrice à 9 ans, a rapidement incarné ce rêve... mais à quel prix ?


Les agences imposent des standards impossibles : apparence irréprochable, comportement exemplaire, vie privée transparente. L'erreur n'est pas permise. Les jeunes stars, isolées de leurs pairs, sont souvent privées de soutien psychologique ou familial solide.


L'absence de filet de sécurité


Loin d'être un conte de fées, le parcours de Kim Sae-ron illustre la solitude et la vulnérabilité de ceux qu'on croit intouchables. Après son accident de conduite en état d'ivresse en 2022, elle a lutté pour retrouver du travail, et la plupart de son rôle dans la série Netflix "Bloodhounds" de 2023 a été supprimée au montage en raison de l'incident.


Cette mise à l'écart professionnelle s'ajoute à la pression psychologique pour créer un cocktail explosif.


Le harcèlement médiatique et numérique : la double peine


La machine à broyer les réputations


Après son accident de 2022, la vie de Kim Sae-ron a basculé. Les médias, puis les réseaux sociaux, se sont acharnés : moqueries, rumeurs, surveillance constante, diffusion d'informations privées, spéculations sans fin.


Des milliers d'articles, de vidéos et de commentaires l'ont désignée comme coupable idéale. Même lorsqu'elle tentait de se reconstruire, la machine médiatique ne lui laissait aucun répit.


Le prix de l'impitoyabilité


Suite à la mort de Kim Sae-ron, plusieurs grands journaux coréens ont publié des éditoriaux critiquant les commentaires toxiques en ligne et appelant à un changement dans la culture "impitoyable, de tolérance zéro" envers les célébrités.


Le journal Hankook Ilbo a déploré que certains médias continuent d'exploiter Kim Sae-ron pour générer des clics même après sa mort, utilisant des titres provocateurs qui mettaient en avant ses difficultés passées.


Ce harcèlement numérique, amplifié par le besoin de "buzz" et la course à l'audience, détruit des vies.


La Corée du Sud, déjà marquée par de nombreux suicides de célébrités (Sulli, Goo Hara, Lee Sun-kyun), peine à instaurer des garde-fous efficaces.


L'affaire Kim Soo-hyun : quand les idoles deviennent accusées


Une controverse qui divise


L'affaire a éclaté en mars 2025 quand une chaîne YouTube, HoverLab, a allégué que Kim Soo-hyun et Kim Sae-ron avaient entretenu une relation romantique de six ans à partir de 2015, quand elle avait 15 ans et lui était dans la fin de la vingtaine.



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Lors d'une conférence de presse émotionnelle le 31 mars 2025, Kim Soo-hyun, les larmes aux yeux, a nié ces accusations : "Je ne l'ai pas fréquentée quand elle était mineure... nous étions juste un couple ordinaire comme n'importe qui d'autre."


Les conséquences économiques et sociales


Plusieurs marques internationales, dont Prada, ont coupé leurs liens avec Kim Soo-hyun suite à la controverse. Prada, qui l'avait nommé ambassadeur en décembre 2024, a rompu le contrat en mars 2025, alimentant les théories sur la "malédiction Prada".


Kim Soo-hyun et son agence ont porté plainte pour un total de 12 milliards de wons (8,15 millions de dollars) en dommages et intérêts contre les personnes impliquées dans l'exposé YouTube pour diffamation.


La famille de Kim Sae-ron prend la parole


Un avocat représentant la famille de Kim Sae-ron a présenté ce qu'elle prétend être une lettre non envoyée écrite en 2024, dans laquelle Kim Sae-ron décrivait Kim Soo-hyun comme son "premier et dernier amour" et référençait une relation de cinq à six ans.


Cette lettre aurait été écrite après qu'elle ait échoué à joindre Kim Soo-hyun pour discuter d'une dette de 700 millions de wons (environ 520 000 dollars) que son agence lui réclamait suite à son accident de conduite en état d'ivresse.


Les réactions publiques oscillent entre soutien aveugle, déni, et lynchage. Les idoles, censées inspirer, deviennent parfois les relais d'attitudes toxiques, reproduisant la violence qu'elles ont subie ou observée.


La responsabilité collective : une société qui doit se regarder en face


Les médias : entre sensationnalisme et éthique


La coalition citoyenne pour les médias démocratiques a critiqué mardi les organisations de presse pour avoir blâmé les réseaux sociaux sans considérer leurs propres "reportages sensationnels et provocateurs".


Les médias, en privilégiant le sensationnalisme, alimentent la haine et la stigmatisation, au détriment de l'éthique et de la vérité. Cette course au clic transforme chaque tragédie en spectacle.


Les réseaux sociaux : l'anonymat comme arme


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Les plateformes numériques offrent un anonymat propice au cyberharcèlement de masse, où chacun se croit tout permis. Malgré les propositions de lois après les morts de Sulli et Goo Hara en 2019 pour étendre les exigences de vrais noms et renforcer les obligations des sites web pour éliminer les discours de haine, aucune de ces lois proposées n'a été adoptée.


Les agences et familles : protection ou abandon ?


Les structures d'accompagnement oscillent entre protection et abandon, souvent impuissantes face à la machine médiatique ou à la pression économique. Les agences de management coréennes deviennent de plus en plus actives pour intenter des actions en justice afin de protéger leurs artistes du harcèlement en ligne. Hybe, qui manage plusieurs groupes K-pop dont BTS, publie des mises à jour régulières sur les procès qu'elle intente contre les commentateurs de réseaux sociaux qu'elle juge malveillants.


L'État et l'école : réformes insuffisantes


Malgré la disponibilité de services de santé mentale, ces services restent limités. Les recherches indiquent qu'une approche multidimensionnelle au sein des programmes peut aider à prévenir les suicides d'adolescents.


L'État et l'école peinent à mettre en place des réformes efficaces, malgré les appels répétés après chaque drame.


Sortir du cercle vicieux : pistes de réflexion et d'action


Les initiatives existantes


Face à cette spirale, des initiatives existent :

  • Lignes d'écoute : Le numéro de prévention du suicide 1577-0199 accessible 24h/24 en Corée

  • Campagnes de sensibilisation contre le cyberharcèlement et pour la santé mentale des jeunes

  • Actions légales : Les agences multiplient les poursuites contre les harceleurs en ligne


L'éducation comme rempart


Il reste beaucoup à faire : encourager la bienveillance, briser le tabou sur la santé mentale, responsabiliser les fans, les agences et les journalistes. L'éducation à l'empathie et à l'esprit critique doit commencer dès l'école.


Le rôle de chacun


Pour les médias : Adopter une charte éthique stricte, refuser le sensationnalisme

Pour les internautes : Réfléchir avant de commenter, signaler les contenus haineux

Pour les éducateurs : Intégrer la prévention du harcèlement dans les programmes

Pour les familles : Dialoguer ouvertement sur les réseaux sociaux et leurs dangers


Comparaison internationale : la France face aux mêmes défis


Des similitudes inquiétantes


En France aussi, le harcèlement scolaire touche environ 700 000 élèves chaque année selon l'Éducation nationale. Le cyberharcèlement explose avec 20% des jeunes de 8-18 ans qui en sont victimes selon l'association e-Enfance.


Des approches différentes


Contrairement à la Corée où la pression de la réussite académique exacerbe le phénomène, la France mise sur la prévention avec le programme pHARe (Plan de prévention du harcèlement à l'école) déployé dans 100% des écoles et collèges depuis 2022.


Le numéro national français 3020 (gratuit) offre une écoute et des conseils, tandis que le 3018 traite spécifiquement du cyberharcèlement.


Leçons croisées


Les deux pays peuvent s'inspirer mutuellement : la Corée de l'approche systémique française, la France de la rapidité des sanctions coréennes contre le cyberharcèlement quand les lois sont appliquées.


Confidences InsideSeoul : Agir à notre niveau


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Briser le silence


Cette tragédie nous concerne tous. Chaque clic sur un article sensationnaliste, chaque partage d'une rumeur, chaque commentaire haineux contribue à cette machine destructrice.


Des gestes concrets


En tant que consommateurs de contenu :

  • Privilégier les médias responsables

  • Refuser de partager les rumeurs non vérifiées

  • Soutenir les campagnes de sensibilisation


En tant que communauté :

  • Créer des espaces de parole bienveillants

  • Former les jeunes à l'esprit critique numérique

  • Accompagner les victimes sans jugement


Notre engagement


Chez InsideSeoul, nous nous engageons à traiter ces sujets avec responsabilité, à privilégier l'information vérifiée sur le sensationnalisme, et à sensibiliser notre communauté aux enjeux du harcèlement.


Dans notre boutique, nos créations comme l'album "Libre" de Ludo et Jay portent des messages d'espoir et de liberté - des valeurs essentielles pour construire une société plus bienveillante.


Conclusion : Pour que plus jamais une vie ne soit brisée ainsi


L'histoire de Kim Sae-ron, et le scandale qui a éclaboussé Kim Soo-hyun, sont des tragédies, mais aussi des avertissements. Le harcèlement, qu'il soit scolaire, professionnel ou médiatique, tue. Il ne s'agit pas seulement de "stars", mais de jeunes, de familles, de sociétés entières.


En Corée du Sud, un seul suicide affecte en moyenne 60 personnes dans l'entourage social de l'individu. Cette onde de choc nous rappelle que derrière chaque tragédie, il y a une communauté brisée.


Pour que plus jamais une vie ne soit brisée ainsi, il faut changer de regard, refuser la violence ordinaire, et agir, chacun à son niveau.


Brisons le silence. Protégeons nos jeunes. Exigeons des médias et des idoles l'exemplarité, mais aussi l'humanité.

La transformation commence par nous. Elle commence maintenant.


Besoin d'aide ou de parler ?


En Corée du Sud : Ligne de prévention du suicide 1577-0199 (24h/24)


En France :

  • 3114 (numéro national de prévention du suicide, gratuit, 24h/24)

  • 3020 (numéro contre le harcèlement scolaire)

  • 3018 (numéro contre le cyberharcèlement)


Ces numéros sauvent des vies. Prenez soin de vous et de vos proches.

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